LA MEZQUITA - CÓRDOBA

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RESUMÉ


La Mosquée-Cathédrale de Cordoue est le monument le plus important de tout l’Occident islamique, et compte parmi les plus étonnants du monde. Son histoire résume l’évolution complète du style omeyyade en Espagne, outre les styles gothique, Renaissance et baroque de la construction chrétienne.


Le site occupé aujourd’hui par notre mosquée-cathédrale paraît avoir été voué au culte de différentes divinités depuis la nuit des temps. Sous la domination wisigothe, le même site a vu construire la basilique San Vicente, sur laquelle a été édifiée, après l’achat d’une partie du site, la mosquée primitive. Cette basilique au tracé rectangulaire fut partagée par les Chrétiens et les Musulmans pendant un temps. Suite à la croissance de la population musulmane, la basilique fut acquise dans son ensemble par Abd Al-Rhaman Ier, puis détruite pour donner lieu à la construction définitive de la première mosquée Alhama, ou principale, de la ville. Aujourd’hui, certains éléments de construction wisigothe restent intégrés au premier tronçon d’Abd Al-Rhaman Ier.



La grande mosquée compte deux zones différenciées: la cour ou sahn entourée d’arcades où s’élève le minaret (sous la tour Renaissance), unique intervention d’Abd Al-Rhaman III, et la salles des prières ou haram.



L’espace intérieur est peuplé d’une forêt de colonnes et d’arcades bicolores du plus grand effet chromatique. L’ensemble se divise en cinq zones, chacune d'entre elles correspondant aux différents agrandissements réalisés.






POUR LES INTERESSÉS (ET LES MOINS FAINÉANTS), L'HISTOIRE DE LA MEZQUITA...


Seule grande mosquée conservée en Espagne, deuxième plus grande mosquée du monde après la Mecque, la Mezquita est considérée comme le monument islamique le plus important d'Occident.

Avec sa forêt de colonnes parmi les plus belle de toute l'histoire de l'architecture, elle incarne sans aucun doute l'un des plus purs exemples de l'art religieux.

Déambulant dans la Mezquita, on s'imprègne à la fois de l'histoire de Cordoue et de celle de toute l'Andalousie.




Après que son clan ait été décimé en 750 en Syrie, Abd Al-Rahman arrive à Cordoue, alors chef lieu d'AL-Andalus et simple califat de Damas. Pour établir son règne, Abd Al-Rahman 1er décide d'élever la ville au rang d'émirat en 756 et fait ériger une grande mosquée, symbole de l'indépendance de l'Islam occidental, à l'endroit même où se dressait la basilique wisigothe Saint Vincent, démolie pour l'occasion.



 

 

La basilique avait juque là servi de lieu de culte aux chrétiens comme aux musulmans, mais la califat l'avait petit à petit racheter, au fur et à mesure qu'augmentait le nombre des croyants.

Certains supputent qu'en dessous se trouverait les vestiges d'un temple romain. Il est même question d'un temple celtique, dédié au dieu Lug, ou d'un temple juif élevé par le roi Salomon.


 

 

 

 

 



LA COUR DES ORANGERS (PATIO DE LOS NARANJOS) OU SHAN



C'est l'accès principal à la Mezquita. Comme dans toutes les mosquées, elle était le lieu des ablutions rituelles, étapes obligatoire pour se purifier avant d'entrée dans la salle des prières. Il faut s'imaginer que la cour initiale n'était pas séparée de la salle de prière comme elle l'est aujourd'hui. Dix-neuf acardes, en somme toute la facade ou presque, permettaient une circulation fluide des croyants entre patio et mosquée.


A la place des orangers, qu'Isabel la Catholique, gourmande de marmelade d'oranges amères, aurait fait planter au XVème siècle, se seraient dressés des palmiers.



 

 

L'eau pour les ablutions était à l'origine extraite dans un puit creusé dans la cour. Mais on n'en voit plus trace aujourd'hui, pas plus que les bassins d'Al-Hakam II, vers lesquels étaient canalisées les sources de la Sierra. Il n'y a que le réservoir (600 000 litres!) de l'époque d'Al-Mansour, qui ait à peu près survécu à la morsure du temps. Des cinq fontaines, les trois grillagées sont de style mudéjar (XV°) et les deux dernières baroques (XVIII°).





Le Minaret
, dans la cour des orangers, est en fait la dernière des deux moutures arabes, transformée au XVI°, et renforcéer solidement par les chrétiens au XVII° pour réhausser le clocher. Le 1er minaret mesurait 23m (sous Hisham 1er). Le 2nd, sous Abd Al-Rahman III, atteignait 47m, il en subsite des éléments, intégrés dans la tour actuelle de style renaissance et surmontée par San Rafael, le patron de la ville.

 

 

 

 

 

LA SALLE DE PRIÈRE

 

Entamée par Abd Al-Rahman Ier (dit l'Immigré) en 785, la mosquée fut agrandie en trois tempspar Abd Al-Rahman II tout d'abord (IX°), puis par Al-Hakam II (X°) et enfin par Al-Mansour (Al-Mansur-bi-Allah, le victorieux de Dieu) en l'an 987.

La partie initiale Abd Al-Rahman Ier donne directement sur le patio des Orangers. C'est donc son sol que l'on foule en premier. Elle s'étale jusqu'au niveau de la cathédrale.

 



On pénètre dans la forêt de colonnes. Avant la reconquête catholique, la mosquée en comportait plus de 1000. Aujourd'hui, il en subsite 854. Véritable trait de génie du constructeur, la surélévation de la voûte par une hauteur d'arcades doublant la première lui fut certainement inspirée par le dessin des aqueducs antiques, qui sont l'une des gloires de la péninsule. L'élégance et la finesse des arches superposées sont étonnantes. Les colonnes de marbres montrent d'incroyables couleurs et sont quasiment toutes d'origines et d'aspects différents, de même que les chapiteaux.

Notez que certaines colonnes sont plus longues que d'autres; ainsi il a fallu les enfoncer plus profondément dans le sol. L'une d'elle provient même d'Egypte. Quelques colonnes sont penchées, souvenir du grand tremblement de terre de Lisbonne qui se fit sentir jusqu'en Andalousie. Il faut errer au milieu des colonnes, laisser jouer son regard avec les perpectives et les alignements , s'étonner de la multitude des sources lumineuses et s'abandonner à cette sensation d'infini qui habite encore l'édifice.

 




LA CHAPELLE PRINCIPALE

 


En suivant l'ordre chronologique des extensions de la mosquée cordouane, la prochaine étape n'est autre que...la chapelle principale, que certains nomment la cathédrale (mais en fait la cathédrale, c'est toute la mosquée). Elle s'élève donc dans l'extension d'Abd Al-Rahman II.

 

Cette cathédrale fut entamée en 1523, mais il fallut 243 ans pour la mener à bien. Malgré tous les remors, on peut saluer l'intelligence du travail de l'architecte, qui parvint à conserver la nef axiale de la mosquée, sans que la chapelle, pourtant au centre et en forme de croix latine, ne cache jamais le mihrab.

Noter aussi qu'en s'appochant de la cathédrale, les arcs sont surmontés d'une frise, afin d'assurer le passage en douceur d'une architecture à une l'autre. Elle présente un florilège de styles: gothique tardif, Renaissance, baroque...Ainsi, le maître-hôtel, les colonnes et le transept sont gothiques, la nef est baroque et la coupole principale Renaissance.

 

 

LE MACSURA ET LE MIHRAB

 


La macsura

 

 

On atteint ici le sommet du "baroque" arabe, oeuvre d'Al-Halam II: moulures, mosaïques byzantines, arabesques et inscriptions coufiques se mêlent dans une étroite harmonie. Coeur de la mosquée, le macsura est l'espace situé devant le mihrab, lieu le plus sacré de l'édifice puisqu'il indique la Mecque. Seuls le calife et sa cour y avaient accès. L'imam y donnait le signal de la fin de la prière. On ne peut le voir que de l'extérieur. Dommage, car sa coupole, exécutée dans un unique bloc de marbre, est d'une richesse époustouflante. Elle est de style byzantin et fut offerte au milieu du V°s à l'émir en signe d'amitié. Elle se compose de miliers de petits carreaux d'or, de cristal et de céramique. Tout autour du mihrab court une frise or et bleu qui donne les 99 noms d'Allah. Au dessus, on devine les fenêtres par lesquelles on autorisait les femmes à voir ce qui se passait à l'intérieur de la mosquée. De chaque côté du mihrab, un arbre de vie en albâtre, symbole de l'éternité (et non pas de début ni de fin). La chaîne qui pend de la coupole retenait une lampe à huile, probablement volée par les Berbères (les Almohades) au XI°s.

 

  Le Mihrab

 

La partie la plus récente de la mosquée (fin du V°s) :

Tout au long du règne des califes omeyyades, les extensions de la mosquée se fient toujours vers le sud, mais à l'heure d'Al-Mansour (le vizir qui réussit à devenir calife à la place du calife Hisham II), la proximité du fleuve le força à opter pour l'ajout de 8 nefs vers l'Est.

 

  La coupole de la Macsura

 

Cette partie se différencie par ses colonnes toutes identiques, en marbre noir. Les arches, quant à elles, sont en pierres recouvertes de peinture rouge pour imiter la brique, afin de s'harmoniser avec la partie la plus ancienne.

A noter que chaque colonne porte la signature en arabe du sculpteur qui l'a façonnée. Une vitrine regroupe les empreintes des signatures de tous les artistes.


 

LA CHAPELLE SANTA TERESA

 

Elle se situe à gauche du Mighrab. Une chapelle baroque, accueillant la sépulture du Cardinal Salazar et quelques tableaux. Le trésor, juste à côté, abrite un Christ en ivoire du XVI°s, admirable de finesse.


Sur tout le pourtour de la salle de prière de la mosquée, on trouve de nombreuses chapelles funéraires. Ne pas manquer la paroisse du tabernacle, construite pour les habitants de la Judería (la Juiverie) au XVI°s dans le style de la mosquée, avec arches et colonnes. La chapelle d'angle est entièrement recouverte de fresques représentant les martyres de Cordoue.

 

 

 

 


 

 


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